NEO – Le talon d’Achille de la Russie – Réflexions de St. Pétersbourg
La Banque Centrale de Russie
(Remarque de l’éditeur : M. Engdahl a un
article de choix pour nous aujourd’hui avec son panel de délibérations à la Conférence Economique
de St. Pétersbourg. L’analyse et la planification stratégique interne de
l’économie Russe est un sujet rarement traité en bon Anglais en Occident.
Il décrit le rôle
asphyxiant qu’exerce la
Banque Centrale Russe sur l’économie avec ses taux élevés,
alors que l’Occident maintient toujours les siens à un niveau inférieur à ceux
des pires jours de la récession. Son projet est de réunir des économistes et des industriels locaux triés
sur le volet pour qu’ils fassent un choix entre des modèles de redressements réussis
des principaux états afin de trouver ceux qui sont les mieux adaptés pour la Russie.
La méthode favorite de
William est l’émission d’obligations nationales pour financer les grands
projets d’infrastructure qui aurait les meilleurs effets d’entraînement en
termes de création d’emploi et de nouvelles rentrées fiscales. A l’inverse de
nombreux pays, la Russie
a l’avantage de disposer d’énormes ressources naturelles et d’une population
très instruite.
Et
j’aime son idée selon laquelle, non
seulement ce type d’obligations ne soient pas vendues à des étrangers, mais
qu’elles ne puissent pas être acquises sur le marché par la suite afin d’éviter
toute manipulation du marché par des étrangers, ce qui est très à la mode
aujourd’hui. L’infrastructure produite localement est « à l’abri des
sanctions », et le taux d’intérêt servi sur les obligations continue de
circuler à l’intérieur du pays.
La seule chose qui manque
dans ce projet magnifique, c’est qu’il ne fait aucune référence directe à la Nouvelle Route de la Soie. Certes, il
parle de la coopération en Asie Centrale, mais le jeu consiste à faire avancer la Nouvelle Route de la Soie pour contrecarrer cette
tentative débile d’encercler la
Russie et la
Chine par la
Marine des Etats-Unis et l’OTAN.
Rien ne contribue mieux
à la défense nationale que de disposer d’une infrastructure active pour
favoriser les déplacements efficaces des forces armées, grâce à un réseau bien
structuré. Particulièrement dans le cas de la Russie avec ses armes de haute technologie
produites à bas coût qui lui donnent l’avantage en tant que fournisseur fiable
pour ses partenaires de la défense.
Je ne savais pas que la
Russie, comme le décrit William, possède beaucoup de tsars de
l’économie de formation occidentale, qui sont à l’origine des politiques
d’amour austères des taux d’intérêts élevés. Avec le ratio d’endettement au PNB
le plus faible de tous les pays modernes, elle pourrait facilement porter le
chiffre actuel de 17% à 25 à 30%, grâce à des émissions d’obligations locales permettant
de financer ses besoins en infrastructure au cours des cinq ans à venir. Je
recommande chaudement la lecture de cet article … Jim W. Dean)
__________
– Première publication … le
2 juillet 2016
Pendant trois jours, du
16 au 18 juin, j’ai eu l’occasion de participer en tant que paneliste au Forum
Economique annuel de St. Pétersbourg en Russie. Je suis allé plusieurs fois en
Russie depuis le coup d’état soutenu par les Etats-Unis en Ukraine de février
2014, et l’escalade militaire délibérée des militaires de l’OTAN et les
tensions économiques et les sanctions prises à l’encontre de la Fédération de Russie.
Le forum de cette année,
mon second en tant que participant, m’a donné une occasion rare de parler à des
dirigeants représentant chaque secteur de l’économie russe – des PDG du secteur
énergétique, des Chemins de fer russes, des fournisseurs du Réseau électrique
russe, aux nombreux patrons de PME, en passant par une grande variété
d’économistes. Cela a affiné ma perception de la précarité de la situation
actuelle de la Russie.
Ce qui est devenu plus
clair au cours de ces trois jours de discussion à St. Pétersbourg, c’est
précisément à quel point la
Russie est vulnérable de mon point de vue. Son talon
d’Achille est l’idéologie dominante qui contrôle chaque fonction économique du
Gouvernement de la
Fédération de Russie sous l’égide du Premier Ministre Dimitri
Medvedev.
Selon les termes que la Constitution Russe
a adopté dans le chaos des années Eltsine, et qui ont été énormément influencés,
pour ne pas dire dictés, par les conseillers étrangers du FMI pour la Russie, la politique
économique relève du domaine de responsabilité du Premier Ministre et de ses
divers ministres de l’Economie, des Finances, et ainsi de suite. Le Président
Russe, actuellement Vladimir Poutine, est quant à lui responsable de la défense
et de la politique étrangère.
Ce qui rend impossible
le fait de raviver les encours de crédit afin d’alimenter le véritable
investissement nécessaire de manière urgente des grands espaces de la Russie, c’est la Banque Centrale de
Russie. Celle-ci a deux fonctions prévues par la Constitution lors de
sa création en tant qu’entité indépendante du Gouvernement Russe, au cours des
premiers mois de l’existence de la Fédération de Russie après l’éclatement de
l’Union Soviétique. Elle doit contrôler l’inflation interne en Russie et doit
stabiliser le cours du Rouble par rapport aux principales devises étrangères.
Comme pour les banques centrales européennes, son rôle est presque purement
monétaire, et non économique.
En juin 2015, lorsque j’ai participé pour la première fois au forum de St.
Pétersbourg, le taux directeur de la Banque Centrale de Russie, celui qui est facturé
aux banques était de 11%. Au plus haut de la soi-disant crise du Rouble en
janvier 2015, il avait atteint 17%.
L’été dernier, on
s’attendait à ce qu’Elvira Nabiullina, le gouverneur de la banque centrale
depuis 2013, commence à faire baisser rapidement le taux à un niveau acceptable,
particulièrement à une époque où les taux des banques centrales telles que la BCE, la Fed des Etats-Unis et la Banque du Japon étaient à
leur plus bas depuis 500 ans, à zéro ou même négatifs.
En outre, depuis janvier
2016 les prix du pétrole, un facteur significatif de la force du Rouble, étant
donné que la Russie
est le plus grand exportateur mondial de pétrole, ont commencé à remonter de
plus de 60% en partant du plus bas étant à 30 $ le baril début janvier à des
niveaux proches des 50 $ six mois plus tard.
La baisse des taux par la Banque Centrale
n’a pas eu lieu. Au contraire, elle est
en train de tuer l’économie à petit feu. Une année plus tard, début juin 2016, la Banque Centrale
Russe sous le Gouverneur Nabiullina a opéré sa première baisse des taux depuis
juin 2015 … à un taux toujours mortel de 10,5%. Peut-être qu’on devrait
remarquer que la monétariste Nabiullina a été désignée par le magazine London
Euromoney comme le Gouverneur de Banque Centrale de l’Année 2015. Cela devrait
être considéré comme de mauvais augure pour la Russie. Tout aussi
inquiétant a été l’éloge que le directeur du FMI à Washington a prononcé de
Nabiullina pour sa gestion monétaire de la crise du Rouble début 2015.
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Opération réussie …
patient décédé
Ce que j’ai retiré comme
impression de mes discussions à la conférence cette année, avec une
participation-record de plus de 12 000 hommes d’affaires et d’autres venus
du monde entier – c’est qu’il coexiste deux gouvernements Russes, l’un à
l’opposé de l’autre.
Chaque poste-clé de
l’économie et des finances est à présent fermement entre les mains d’économistes
libéraux monétaristes, adeptes du marché libre qu’on pourrait qualifier de
« jardin d’enfants de Yegor Gaïdar ». Yegor Gaïdar était, aux côtés
de Jeffrey Sachs de Harvard, l’architecte économiste soutenu par Soros, sur la
« thérapie de choc » radicale qui est responsable des épreuves
économiques affligées au pays dans les années 1990, avec comme conséquences la
misère massive et l’hyperinflation.
Aujourd’hui, le jardin
d’enfants de Gaïdar comprend l’ancien Ministre des Finances Alexeï Koudrine, un
autre favori d’Euromoney en 2010 pour le titre de Ministre des Finances de
l’Année. Il comprend également le Ministre de l’Economie, Alexey Ulyukaev. Il
comprend également le Vice-Premier Ministre de Medvedev, Arkady Dvorkovich.
Dvorkovich, un diplômé
de l’Université Duke en Caroline du Nord, est un protégé, depuis ses premières
années en fonction, d’Yegor Gaïdar. En 2010, sous le Président russe de
l’époque, Medvedev, Dvorkovich a proposé un plan délirant pour transformer
Moscou en centre financier mondial en faisant venir Goldman Sachs et les
grandes banques de Wall Street pour organiser le tout. Nous pourrions appeler
cela faire entrer le loup dans la bergerie. Le credo économique de Dvorkovich est
« Moins d’état ! » Il a été le principal lobbyiste de la
campagne d’adhésion de la
Russie à l’OMC et a essayé de procéder à une privatisation à
marche forcée des biens qui demeuraient sous le contrôle de l’état.
Il existe actuellement
un noyau dur entourant le Premier Ministre Dimitri Medvedev, qui étouffe dans
l’œuf tout redressement de l’économie Russe. Ils suivent le mode d’emploi
occidental écrit à Washington par le Fonds Monétaire International et le
Département du Trésor des Etats-Unis. Que dans cette phase ils le fassent par
sincère conviction, parce que c’est ce
qu’il y a de mieux pour leur pays ou par simple haine psychologique profonde
envers leur pays, je ne saurais le dire.
Les effets de leurs politiques, comme je l’ai appris au cours de
nombreuses discussions ce mois-ci à St. Pétersbourg, sont dévastateurs. En
fait, ils imposent volontairement à la Russie des sanctions économiques qui sont bien
pires que celles des Etats-Unis ou de l’UE. Si le parti Russie Unie de Poutine
perd les élections le 18 septembre, cela ne sera pas en raison de ses
initiatives en politique étrangère qui bénéficient toujours du soutien de plus
de 80% de la population selon les sondages. Ce sera parce que la Russie n’a pas nettoyé les
Ecuries d’Augias du jardin d’enfants de Gaïdar.
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Obéir au Consensus de
Washington
Dans mes diverses discussions, j’ai appris avec horreur que la politique officielle
de l’équipe économique de Medvedev et de la Banque Centrale de
Russie est de suivre les politiques d’austérité classiques du FMI dites du
« Consensus de Washington ». Et ceci malgré le fait que la Russie ait depuis des
années, remboursé tous ses emprunts au FMI et ne se trouve plus « soumis »
au FMI, comme elle l’était au cours de la crise du Rouble de 1998.
Non seulement cela, mais
la Russie a un
des ratios de dette par rapport au PNB les plus faibles de tous les grands pays
du monde, à peine 17% alors que les Etats-Unis « jouissent » d’un
ratio de 104%, les pays de la zone euro ont une dette moyenne de plus de 90% du
PNB, bien au-dessus du niveau recommandé par le traité de Maastricht. Le Japon,
lui, a un ratio vertigineux de dette par rapport au PNB de 229%.
La politique économique
officielle actuelle de la
Banque Centrale de Russie avec ses taux anormalement élevés
est de réduire le taux d’inflation d’à peine 8% à un objectif de 4% par une
politique explicite d’austérité budgétaire et de réduction de la consommation. Dans
l’histoire aucune économie n’a jamais dirigée une politique économique de
restriction forcée de la consommation, certainement pas la Grèce ni même une nation
africaine.
Pourtant la Banque Centrale de
Russie, comme placée sous pilotage automatique, psalmodie religieusement le
chant grégorien du FMI comme si c’était une formule magique. Si la Russie continue sur la pente
glissante du monétarisme il se pourrait bientôt que « l’opération ait été
une réussite, mais que le patient soit mort », comme l’affirment les
cyniques.
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Le Club Stolypine
Il existe une opposition cohérente, expérimentée et
croissante à cette cabale libérale
occidentale qui entoure Medvedev. Elle est actuellement représentée par ce
qu’on appelle le Club Stolypine, créé par un groupe d’économistes nationalistes
russes en 2012, réuni pour élaborer des stratégies alternatives cohérentes afin
de réduire la dépendance de la
Russie au monde du dollar et stimuler la croissance de
l’économie réelle.
J’ai eu l’honneur de
participer à un panel avec plusieurs membres et fondateurs de ce groupe. Il
comprenait le co-fondateur du Club Stolypine, Boris Titov, un homme d’affaires
Russe et adversaire idéologique déclaré de Koudrine, qui est le président de
l’organisation de Toute la
Russie « Business Russia ».
Il insiste sur le besoin
d’augmenter la production nationale de biens manufacturés, de stimuler la
demande, d’attirer l’investissement, de réduire les impôts et le taux de
refinancement de la
Banque Centrale. Titov est actuellement un personnage-clé des
initiatives de la Russie
vers la Chine. Il
a été côté russe le président du Conseil
économique Russo-Chinois, et membre du Présidium du Conseil National de la Gouvernance des
entreprises.
Mon panel comprenait
également des membres dirigeants du Club Stolypine : Sergei Glazyev,
conseiller du Président de la
Fédération de Russie, et Andrei Klepach, vice-président de la Banque de Développement
VEB. Klepach, un co-fondateur du Club Stolypine, était précédemment
Vice-Ministre de l’Economie de la
Russie et directeur du service de prévisions macroéconomiques
au Ministère du Développement économique et du Commerce.
Mon impression était
qu’il s’agissait de gens sérieux et dévoués qui comprenaient que le cœur de
toute véritable politique économique nationale est le capital humain et le
bien-être humain et non l’inflation ni toute autre donnée économique.
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Obligations Stolypine
A ce moment là, de mon exposé en développant mes
commentaires à l’auditoire de St.
Pétersbourg, j’aimerais vous faire part d’une proposition pour gérer l’immense
richesse économique et la population russe sur la voie de la croissance malgré
les sanctions et les taux d’intérêt élevés de la banque centrale.
Tous les éléments
nécessaires y sont. Le pays dispose du
territoire le plus vaste de toutes les nations du monde. Il a sans conteste les
ressources minérales et des métaux précieux inexploités les plus importants au
monde. Il possède quelques-uns des meilleurs esprits scientifiques et
technologiques au monde, une main-d’œuvre qualifiée et un peuple merveilleux
très intelligent.
Ce qui leur manque, c’est
la coordination de tous les instruments pour en faire une symphonie économique
harmonieuse. Il y a toujours chez beaucoup de dirigeants gouvernementaux la
crainte d’être accusés de vouloir revenir à la planification centralisée du
Gosplan soviétique. Les cicatrices du traumatisme national de la Russie n’ont été que
partiellement guéries au cours des années Poutine, ce qui a permis aux Russes
de se sentir à nouveau respectés dans le monde.
Les cicatrices ne
proviennent pas seulement des œuvres du communisme. Elles proviennent aussi de
la façon dont les Etats-Unis, sous la présidence de George H.W. Bush au cours
du début des années 1990 et ensuite sous chaque président des Etats-Unis, ont entrepris
d’humilier et d’afficher du mépris pour la Russie et tout ce qui était russe.
Malheureusement, ces cicatrices, conscientes ou inconscientes, gênent toujours
beaucoup de gens aux postes de responsabilité dans toute la Russie.
Du côté positif, il y a beaucoup de modèles de réussite pour la croissance
d’une économie d’une manière positive et exempte de dettes.
L’un d’eux est
l’Allemagne de l’après-guerre dans les années 1950 grâce à une institution
d’état de crédit spécial, la
Kreditanstalt für Wiederaufbau (l’institut de crédit pour la Reconstruction),
qui a redressé l’Allemagne de ses cendres de la guerre par des taux d’intérêt
subventionnés. Il a également servi à reconstruire l’ancienne République
Démocratique Allemande (RDA) après la réunification en 1990.
Il y a le modèle de
réussite des années 1960 sous le Président Français Charles de Gaulle, appelé
le Plan, où chaque région avec des représentants de tous les grands groupes
sociaux – agriculteurs, PME, syndicats ouvriers, grandes entreprises – se
réunissaient pour débattre de leurs priorités nationales et les transmettre à
un organisme central chargé d’élaborer le Plan Quinquennal. Cinq ans, non par
imitation du plan soviétique, mais parce que les infrastructures importantes
exigent un minimum de cinq ans et que la correction possible de plans
inefficaces ou dépassés exige une période courte de cinq ans.
J’aimerais proposer
d’établir un Institut d’Etat unique, distinct, pour le Développement de
l’Infrastructure Nationale, indépendant de la Banque Centrale de
Russie ou du Ministère des Finances. Il serait doté dans l’idéal d’un conseil
de surveillance impartial composé de responsables économiques russes
expérimentés issus de chaque région. Peut-être serait-il judicieux de le
rattacher directement sous la responsabilité du Président. Il pourrait adopter
les « meilleures pratiques » des deux modèles mentionnés ci-dessus
ainsi que d’autres modèles de réussite plus récents tels que celui de la Corée du Sud après les
années 1950.
Le modèle développé par
le Russe Piotr Arkadievitch Stolypine, l’homonyme du Club Stolypine du groupe
d’économistes nationalistes d’aujourd’hui, me paraît approprié. Lorsque le Tsar
Nicolas II l’a nommé président du Conseil des Ministres, Stolypine avait déjà
servi comme Premier Ministre et aussi Ministre de l’Intérieur de 1906 à 1911.
Il avait engagé avec succès des réformes agraires destinées à faire émerger une
classe de petits propriétaires terriens orientés vers le marché, et la
construction d’une deuxième voie du gigantesque chemin de fer transsibérien de Sergei
Witte, qui devait longer la frontière du fleuve Amour avec la Chine. Il avait entamé
une transformation radicale de l’économie Russe.
Je proposerais qu’il
soit accordé à l’Institut d’Etat pour le Développement de l’Infrastructure
Nationale le droit d’émettre des « Obligations Stolypine » spéciales
pour financer une grande diversité de projets d’infrastructure nationale
autorisés qui accéléreraient rapidement l’intégration économique de l’Eurasie
et la création de nouveaux marchés avec la Chine, le Kazakhstan, la Biélorussie jusqu’en
Inde et en Iran.
Les Obligations
Stolypine ne seraient émises que pour les citoyens russes, auraient un
rendement attractif et un taux d’intérêt équitable, et ne seraient pas
transférables aux porteurs étrangers. En
raison de ce financement interne, il ne serait pas vulnérable à la guerre
économique occidentale. La dette ainsi créée ne serait pas un problème en
raison de la qualité de l’investissement et du niveau extraordinairement faible
d’endettement de l’Etat Russe. Les problèmes urgents requièrent des solutions
extraordinaires.
La vente des obligations
spéciales serait effectuée directement par le nouvel institut d’état, et non
par les banques, accroissant ainsi l’attractivité du rendement des intérêts
pour la population Russe. Les obligations seraient distribuées au public par le
réseau national des Postes, réduisant ainsi les coûts de distribution. Comme
cela a été le cas de l’Allemagne et d’autres pays précédemment, les obligations
seraient garanties par un actif que les Russes ont plus que tout autre pays –
son territoire.
Étant donné que les
obligations seraient uniquement destinées à des projets d’infrastructure qualifiés
de priorité nationale, elles auraient un effet anti-inflationniste. C’est en
raison du « secret » de l’investissement de l’infrastructure
gouvernementale. En rendant les artères de l’économie nationale plus fluides et
efficaces à travers toute la
Russie, là où aujourd’hui, par manque d’infrastructure
moderne, rien n’existe. Elles vont créer de nouveaux marchés, et réduire
significativement les coûts de transport.
Les nouvelles
entreprises et les emplois nouvellement créés pour bâtir cette infrastructure
vont rembourser au centuple le Budget de l’Etat sous forme de rentrées fiscales
supplémentaires pour une économie qui prospère. C’est l’opposé du modèle
actuel, qui a échoué, de « la réduction de consommation »
anti-inflationniste de la
Banque Centrale.
Cet investissement
d’expansion à son tour couperait l’emprise actuelle de la Banque Centrale
sur l’économie nationale jusqu’à ce que les membres de la Douma réalisent qu’il est
temps de revenir sur la loi de la Banque Centrale qui date de 1991, et de lui faire
réintégrer le giron de l’état. Le contrôle souverain de l’état sur sa monnaie
est un des piliers essentiels de sa souveraineté.
Objectivement, la Russie possède aujourd’hui
tout ce dont elle a besoin pour devenir un géant économique mondial prospère et
un acteur technologique de premier plan, en plus de sa décision déjà prise de
devenir un des premiers exportateurs de produits agricoles dénués d’OGM issus
d’une agriculture naturelle, biologique.
Ce qui m’est apparu
clairement dans mes discussions, cette fois à St. Pétersbourg, c’est que les
évènements se rapprochent d’un tournant décisif « d’agir ou de mourir »
au cours duquel la politique économique devra être remise formellement aux
mains de cercles économiques nationaux compétents tels que ceux de Boris Titov,
Andei Klepach et Sergei Glazyev, sinon elle va succomber au poison insidieux du
Consensus de Washington et de l’absurdité libérale du marché libre. Après mes
récentes discussions en privé, je suis optimiste quant à la perspective d’un
changement positif.
F. William
Engdahl est un consultant en gestion du risque stratégique et
un conférencier, il est titulaire d’une licence de science politique de
l’Université de Princeton et l’auteur à succès d’ouvrages sur le pétrole et la
géopolitique, en exclusivité pour le magazine en ligne “New Eastern Outlook”.
Traduction : française : Patrick T rev Isabelle
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